Le darknet - ou comment ne pas céder à l'internet néolibéral

Chers camarades, internautes curieux,

Bonjour et bienvenus sur ce blog.

En guise de commencement à ce "carnet de fouineur", voilà quelques mots sur un projet qui m'occupe ces temps-ci.

En temps que hacker, c'est-à-dire spécialiste de la bidouille numérique, autodidacte de la traque des failles de sécurité (et non pas pirate du web sans coeur et sans remord, comme se plaisent à nous décrire la plupart des médias), je suis particulièrement sensible au thème de la surveillance numérique généralisée. Cette surveillance, qui se traduit par la collecte de milliards de métadonnées à chacune de nos/vos connexions sur le web, est menée parallèlement par certaines agences nationales (la NSA au Etats-Unis dont on parle beaucoup en ce moment, et d'autres agences ailleurs) et par les géants de l'internet que sont aujourd'hui les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) et leurs émules.

Leur objectif est de collecter et d'archiver ces données gigantesques puis de les utiliser de manière ciblée pour parvenir à leurs fins : aujourd'hui la traque de certains "criminels" pour les agences nationales et la vente de publicité pour les entreprises du numérique. Ces métadonnées représentent en réalité un mine d'or inestimable, comme l'explique bien Xavier de La Porte. Par leur intermédiaire, c'est un système de surveillance de la population le plus complet jamais réalisé qui est rendu possible.

D'où la nécessité, pour nous internautes, hackers, militants et spécialistes du web et de son fonctionnement, de nous organiser et de trouver des moyens pour contrer cette organisation de notre terrain de jeu préféré. J'ai décidé d'en prendre ma part en travaillant à la mise au point d'un logiciel libre et simple d'utilisation permettant au grand public de naviguer sur internet sans laisser de trace, sans que les métadonnées créées ne soient associables à un profil - en un mot, l'anonymat. Cela vous fera penser à TOR, The Onion Router, dont nous reparlons ici. Mon objectif est de mettre au point une alternative plus sûre et plus facile d'accès.

Certains objecteront que cet anonymat est la porte ouverte à toutes les dérives - celles dont les médias se réjouissent et qui leur permettent de critiquer le darknet. Oui, le darknet permet toutes les dérives, mais il est en même temps un vecteur sans précédent et tout aussi puissant de liberté, d'affranchissement du monde néolibéral, de création. Sur ces deux faces de l'internet, qu'il ne faut pas cacher, voir les travaux de Bernard Stiegler sur la notion de pharmakon (par exemple États de choc - Bêtise et savoir au XXI^e siècle, Fayard/Mille et une nuits, 2012).

A bientôt, ici-même, pour davantage de précisions,

Hackeusement,

Ouhozniac